Fard ou Darûra ? Quand Bitcoin pourrait devenir une obligation religieuse pour les musulmans
Cet article explore une question centrale mais peu abordée : dans un contexte où les monnaies fiat sont contraires aux principes islamiques, l’usage de Bitcoin peut-il devenir une obligation religieuse pour les musulmans ? En s’appuyant sur les notions de fard (obligation) et de darûra (nécessité), l’auteur démontre comment une alternative monétaire éthique et décentralisée pourrait, à terme, ne plus seulement être licite — mais requise. Une réflexion essentielle pour tous ceux qui souhaitent aligner leur pratique financière avec leur foi.
11/29/20254 min read


Fard ou Darûra ? Quand Bitcoin pourrait devenir une obligation religieuse pour les musulmans
Introduction
Depuis le lancement de la chaîne Muslim Bitcoin, une même conviction guide nos vidéos : la monnaie n’est pas un simple outil économique, elle engage notre spiritualité, notre éthique et notre responsabilité en tant que musulmans. C’est dans cette optique que nous avons analysé, pas à pas, la nature des monnaies fiat modernes, leur incompatibilité avec certains principes fondamentaux de l’islam, et la neutralité potentielle — voire l’intérêt — que peut représenter Bitcoin.
Après avoir réfuté les principales objections formulées contre Bitcoin, une question centrale émerge : et si, dans le contexte actuel, marqué par l’imposition des monnaies fiat et l’absence de solutions conformes, l’usage de Bitcoin devenait non plus seulement licite… mais obligatoire ? Autrement dit : peut-on considérer Bitcoin comme une nécessité, voire un devoir (fard) pour les musulmans soucieux de préserver leur foi et leurs biens face à un système monétaire problématique ?
Dans cet article, nous allons explorer cette question à travers les notions islamiques fondamentales de fard (obligation) et de darûra (nécessité). Une réflexion essentielle pour tout croyant en quête de cohérence entre ses valeurs et ses choix financiers.
1. Le rappel des statuts juridiques en islam
Avant d’aller plus loin, il est essentiel de rappeler que dans la jurisprudence islamique (fiqh), chaque acte ou objet peut être classé selon cinq statuts juridiques :
Fard / Wajib (obligatoire)
Mandub / Mustahab (recommandé)
Mubah (neutre / permis)
Makruh (déconseillé)
Haram (interdit)
Ce classement dépend du contexte, de l’intention et des conséquences de l’acte. Une chose neutre peut devenir obligatoire si elle permet d’accomplir une obligation. Elle peut aussi devenir interdite si elle mène inévitablement à un péché.
2. Quand le neutre devient obligatoire : deux cas pratiques
a) Le cas du passeport pour accomplir le Hajj
Avoir un passeport n’est pas en soi une obligation religieuse. Mais s’il est indispensable pour accomplir une obligation comme le Hajj, alors il devient obligatoire par extension. C’est une illustration classique d’un outil neutre qui devient nécessaire pour réaliser un acte obligatoire.
b) Le cas du compte bancaire alternatif
De nombreux musulmans savent que les comptes courants dans les banques classiques sont problématiques du point de vue de la charia (riba, investissements illicites, etc.). Jusque-là, on justifiait leur usage par la contrainte : il était impossible de vivre sans compte bancaire.
Mais aujourd’hui, des alternatives émergent (néo-banques islamiques, cartes halal, crypto-actifs conformes à l’éthique islamique). Dès lors, continuer à utiliser un compte bancaire conventionnel sans nécessité réelle peut devenir répréhensible, voire interdit, alors que le recours à une alternative licite devient, lui, obligatoire.
3. La darûra : quand la contrainte rend le haram tolérable
L’islam reconnaît la notion de darûra — la nécessité impérieuse — qui autorise temporairement un acte interdit pour éviter un mal plus grand. L’exemple classique est celui de la personne affamée sur une île déserte, qui n’a d’autre choix que de consommer de la viande de porc pour survivre.
Transposé à notre réalité, cela signifie que tant qu’aucune alternative n’existe, utiliser les monnaies fiat peut être toléré, sans que cela soit un péché, parce que le contexte l’impose (paiement de salaire, achats courants, etc.).
4. Bitcoin, une alternative qui transforme la tolérance en obligation ?
Une sortie possible du système monétaire problématique
Contrairement aux monnaies fiat, Bitcoin n’implique ni riba, ni manipulation centralisée, ni création ex nihilo. Il repose sur un protocole transparent, décentralisé, et fondé sur une offre limitée. Il rend à chacun la pleine souveraineté sur son argent, ce qui en fait un outil plus conforme aux principes islamiques.
Aujourd’hui, Bitcoin permet :
D’épargner sans subir la dépréciation constante des monnaies fiat ;
D’effectuer des paiements sans dépendre d’institutions bancaires parfois injustes ou arbitraires ;
D’échapper à des pratiques interdites dans l’islam (comme le riba ou certaines formes de spéculation imposées).
De la tolérance à l’obligation
Ainsi, lorsqu’une alternative halal existe, il ne suffit plus de dire « je n’ai pas le choix ». Le musulman, informé et conscient, ne peut plus justifier l’usage continu d’un outil illicite, alors même qu’un substitut conforme est disponible. Il devient alors religieusement responsable de ce choix.
Autrement dit : la tolérance due à la darûra ne s’applique plus, et le recours à Bitcoin pourrait devenir obligatoire, au moins dans certains usages (épargne, transferts familiaux, dons, etc.).
Conclusion : vers une responsabilité monétaire des musulmans
La question n’est plus simplement de savoir si Bitcoin est licite en islam, mais si, à la lumière des principes islamiques, il ne deviendrait pas obligatoire d’y recourir dans un monde où les monnaies dominantes bafouent plusieurs fondements éthiques.
Le musulman ne peut ignorer la nature injuste du système monétaire actuel. Tant que Bitcoin était inaccessible ou mal compris, la tolérance pouvait se justifier. Mais aujourd’hui, l’information circule, les outils se démocratisent, et les alternatives se précisent.
Dès lors, il appartient à chacun de s’informer, de se former, et de faire des choix éclairés. Non pas par suivisme ou effet de mode, mais par devoir spirituel et responsabilité morale. L’économie n’est pas un simple domaine technique : elle est au cœur de notre foi, de notre justice et de notre engagement religieux.
